10.06.2007

142. Anna de Noailles : "Le paradis d'Amphion"


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Le paradis d'Amphion
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Etranger qui viendra lorsque je serai morte,
Contempler mon lac genevois,
Laisse que ma ferveur dès à présent t'exhorte
A bien aimer ce que je vois.
Au bout d'un blanc chemin bordé par des prairies
S'ouvre un jardin odorant;
Descends parmi les fleurs, visite je te prie
Le beau chalet de mes parents [...]
C'est là que j'ai connu, en ouvrant mes fenêtres
Sur les orchestres du matin,
L'ivresse turbulente et monastique d'être
Sûre d'un illustre destin [...]
Maintenant, redescends et vois sur le rivage
Une jetée en blanc granit :
Il n'est pas un plus pur, un plus doux paysage,
Un plus familier infini [...]
Laisse que ton regard dans les flots se délecte
Parmi les fins poissons heureux,
De là on voit, le soir, comme d'ardents insectes
S'allumer Lausanne et Montreux.
Peut-être a-t-on mis là, comme je le souhaite,
Mon coeur qui doit tout à ces lieux,
A ces rives, ces prés, ces azurs qui m'ont faite
une humaine pareille aux dieux
(in "Les Forces Eternelles)