4.02.2007

100. Anna de Noailles : "Deux êtres luttent . . ."


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Deux êtres luttent dans mon coeur,
C'est la bacchante avec la nonne,
L'une est simplement toute bonne,
L'autre, ivre de vie et de pleurs.

[...] Pourtant, chaque soir, dans mon coeur,
Cette sage et cette furie
Se rapprochent comme deux soeurs
Qui foulent la même prairie.

Toute deux lèvent vers les cieux
Leur noble regard qui contemple.
L'étonnement silencieux
De leurs deux âmes fuse ensemble;

Leurs front graves sont réunis;
La même angoisse les visite:
Toutes les deux ont, sans limite,
La tristesse de l'infini! ...
(ouvrage cité)

Balcon de l'Hôtel de Ville d'Evian : "Le Penseur"

99. Anna de Noailles : "Astres qui regardez".

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Astres qui regardez les mondes où nous sommes,
Pure armée au repos dans la hauteur des cieux,
Campement éternel, léger, silencieux,
Que pensez-vous de voir s'anéantir les hommes?
A n'être pas sublime aucun ne condescend,
Comme un cri vers la nue on voit jaillir leur sang
Qui, sur nos coeurs contrits, lentement se rabaisse.
Morts sacrés, portez-nous un plausible secours!
Notre douleur n'est pas la soeur de votre ivresse;
Vous mourez !
Concevez que c'est un poids trop lourd
Pour ceux qui, dans leur grave et brûlante tristesse,
Ont toujours confondu la vie avec l'amour...

in "Les Forces Eternelles" Juin 1815
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Au cimetière du Père Lachaise à Paris, la chapelle
de la famille Bibesco-Brancovan, dans laquelle est inhumée Anna de Noailles.

98. François Broche : "Anna de Noailles".

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"D'un seul soupir d'amour vit et meurt la fusée ... " Cocteau écrivant ce vers pensait peut-être à Anna de Noailles : fusée, feu d'artifice, comète, elle a étincelé, illuminé, ébloui le temps qu'elle a traversé. Morte à cinquante-sept ans, en 1933, elle est entrée d'un coup dans une nuit d'oubli aussi noire qu'injuste.
Petite fille riche, heureuse, surdouée, jeune femme com­blée, elle faisait crier au génie, ses mots d'esprit couraient Paris, les éditeurs s'arrachaient ses poèmes et ses romans, les salons se disputaient sa présence.
Loti et Mauriac, Briand et Clemenceau, Proust et Mangin, Cocteau, Jean Rostand ... Maurice Chevalier même, elle les a tous fascinés. Et Maurice Barrès avant tous: mystérieuse ren­contre de deux destins qui s'attirent et qu'une tragédie éloi­gnera.
C'est qu'Anna de Noailles était elle-même "un mystère en pleine lumière". Aristocrate et dreyfusarde, humble et impé­rieuse, bavarde intarissable et secrète, vulnérable et cruelle, dévorée par le goût de vivre et hantée par la mort.
On l'a encensée. On l'a déchirée. François Broche approche tous ces mystères à pas de velours. Il sait tout, mais sa biographie est plus qu'une biographie: comme la musique de Mozart, comme la poésie d'Anna de Noailles, le silence qui suit, c'est encore de la musique, encore de la poésie.

97. Anna de Noailles : "Les Vivants et les Morts". 1913.

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96. Anna de Noailles : "Domination" 2.

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95. Anna de Noailles : "Domination" 1

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Publié en 1905

94. Anna de Noailles "Poème de l'amour".

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1924