3.22.2007

83. Dans la presse : "Pêche et poissons, 1911 et 1917".

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Des milliers de truites de 3 à 4 ans et de poids presque identique d'une livre et demie par tête sont signalés en ce moment au lac. C'est ainsi que les pécheurs de Rives, d'Amphion et de Grande Rive ont expédié pendant plusieurs jours et chaque matin à Genève un minimum de 400 kg. de ces spécimens choisis. Ces salmonidés qui, de nuit, s'apprêtent à remonter dans la Dranse, sont capturés à l'aide de grands filets lesquels sont tendus à fleur d'eau.
"L'Echo du Léman", le 21 janvier 1911
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A la date du 8 mars courant, M. le ministre du Commerce, Industrie Agriculture, du Travail, des Postes et Télégraphes, a pris la décision suivante: A titre exceptionnel, pendant la durée des hostilités, la dimension minimale de la maille du filet à sac dénommé "monte" pouvant être employé pour la pêche dans les eaux françaises du Léman est réduite de 0 m 30 à 0 m. 25. Toutefois cette réduction ne s'appliquera qu'à une longueur totale de 4 mètres du sac et les bras restants à la maille de 30 mm.
"Le Messager agricole", le 17 mars 1917
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Malgré les rapports circonstanciés qui ont été adressés aux autorités compétentes concernant la pêche abusive de l'ablette communément appelée sardine, aucune décision n'est encore intervenue. Nous nous permettons de déplorer cette indifférence et cette inaction des pouvoirs publics. Plus que quiconque, nous nous intéressons au dur métier de nos pêcheurs et nous nous réjouirions de l'industrie lucrative qui s'est créée sur notre rive, mais nous croyons sincèrement qu'elle est surtout profitable à quelques étrangers et que nos braves pêcheurs imprévoyants de l'avenir tuent la poule aux oeufs d'or sans s'en douter.
"Le Messager agricole", le 29 juin 1917

82. Dans la presse : "Une pêche "miraculeuse en 1896."


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Depuis une vingtaine de jours, les pêcheurs français du lac Léman font de véritables pêches miraculeuses de féras. A Meillerie, Lugrin, Thonon. etc., à certains jours les barques de pêche n'ont qu'à lancer le filet au hasard pour le retirer rempli à casser de ces excellents poissons, la plupart de belle taille. A Meillerie deux pêcheurs ont pris chacun jusqu'à 300 kilos de féras, dans une seule séance de pêche , MM. Jacquier et Lugrin ont encore dépassé ce chiffre : ils sont arrivés jusqu'à celui de 700 kilos. A Thonon la pêche marche de même ; parfois les féras disparaissent pendant 2 ou 3 jours, puis on revoit de nouveau le banc revenir aussi inépuisable. Cette bonne fortune, due à des particularités de température de l'eau dont on ignore la loi, est malheureusement atténuée dans de fortes proportions pour nos braves pêcheurs par la baisse de prix qu'elle a amenée : la féra est descendue ces jours-ci à 1fr. le kilo et même au-dessous, malgré la consommation considérable qui en a été faite dans tout le bas Chablais, villes et campagne. On a demandé s'il n'y aurait pas moyen pour nos pêcheurs lors de ces passages qui sont presque toujours suivis d'une assez longue disette, de conserver vivante une partie de leur pêche dans des réservoirs d'où ils la retireraient au fur et à mesure des besoins.

"Léman républicain", le 18.10.1896 - extrait de l'ouvrage déjà cité
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http://www.peche.ch/techniques/par-especes/fera/index-fera.htm
http://www.poisson-lacustre.ch/page4_5.htm

81. Dans la presse : "Une catastrophe sur le lac Léman ... en 1892"


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Samedi, à midi et quart, au moment où le Mont-Blanc embarquait les voyageurs à Ouchy, une terrible explosion s'est produite. La calotte de la chaudière venait de sauter projetée avec force sur le salon des premières. L'énorme projectile, qui mesurait l m 25 de diamètre sur 0 m 12 d'épaisseur, traversait de part en part le salon, enfonçait la paroi arrière et allait se perdre dans le lac. Un immense jet de vapeur à 150 degrés de chaleur se répandit dans le salon, brûlant tout sur son passage. Six personnes y trouvèrent la mort sur-le-champ, cinq sont mortes pendant leur transport à l'hôpital, onze avant 5 heures, quatre autres pendant la nuit. [...] Le débarquement était achevé ; le capitaine crie : "Embarquement". Au même instant, une formidable détonation se fait entendre, et l'on voit un énorme nuage blanc s'engouffrer dans le salon des premières. C'est l'affaire d'une ou deux secondes. Tout le monde comprend que la chaudière vient de sauter. Des cris s'échappent du salon, des cris de douleur et de terreur indicibles.
Les hommes de l'équipage, les radeleurs, des passagers courageux se précipitent. Ils sont obligés de reculer devant une chaleur atroce. On lance des seaux d'eau froide et quand on peut pénétrer, c'est un spectacle horrible ! Tandis que rien n'a été atteint, ni à l'avant, ni sur le pont du navire, tout est bouleversé dans le restaurant des premières. Et, au fond, comme poussés par un courant irrésistible, les passagers hurlent de douleur au milieu du pêle-mêle des tables en pièces, des vitres et de la vaisselle brisée, des colonnes renversées. Il avait suffi de ce court instant pour mettre ces gens dans un état dont le spectacle fait frissonner encore ceux qui les ont vus.

La Croix de Haute-Savoie le 17 juillet 1892, dans l'ouvrage déjà cité

80. Dans la presse : "Les barques du Léman en 1892"

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La constitution récente de la « Fédération de Bateliers » a ramené l'attention publique sur la navigation à voiles de notre lac. On lit à ce propos dans le Léman: "Et en y réfléchissant, la population terrienne du Chablais s'est aperçu qu'elle ignorait presque tout de cette importante flotte qui fend perpétuellement les eaux bleues du lac. Il faut compter 25.000 francs, pas moins, pour se faire connaître et gréer une barque. [...] Et ce chiffre n'a rien d'excessif si l'on songe que ces barques transportent couramment 75 mètres cubes de pierres, soit environ 112 tonnes, jauge, que beaucoup de navires tenant parfaitement la mer n'atteignent pas. La longueur de quille est en général de 25 mètres, ce qui représente de 28 à 29 mètres de longueur totale pour le bâtiment de l'extrême pointe d'avant au siège du gouvernail. La largeur moyenne, non compris le plancher mobile qui surplombe l'eau tout le tour, est de 7 à 8 mètres, et la hauteur de l'entrepont (ou profondeur du bâtiment) de 3 mètres à 2 m. 50. Mais les chiffres qui surprendront le plus sont ceux qui ont trait à la voilure : la longueur de la vergue est de 25 mètres ; une jolie baguette, comme on voit ! Et la surface de chaque voile est de 150 mètres carrés, soit 300 mètres de toile par barque. Quant à la vitesse des transports à voile, elle varie suivant le chargement ou la force du vent. On a vu des barques vides remonter de Genève à Meillerie en quatre heures d'horloge, comme le bateau à vapeur; avec chargement, le trajet de Meillerie à Genève se fait parfois en six heures. Mais ce sont là des exceptions. En moyenne, une barque peut faire deux voyages par semaine. aller et retour, de Meillerie à Genève, et trois de Meillerie à Ouchy ou Thonon.
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Extrait du journal "La Croix de Haute-Savoie " cité par Marie Thérèse HERMANN dans son ouvrage "Le Chablais d'autrefois"