3.08.2007

41 Alphonse Guillot : " En Chablais". 2/2.

----------------------------------
Evian est certainement la ville d'eaux idéale. A l'arrivée en gare, ce sont les wagons chargés d'eau Cachat, les services d'expédition reliés à la voie ferrée par des rails particuliers, et la source des Ducs de Savoie. Avenue de la Gare, les tracteurs et les camions rencontrés, transportent de l'eau contenue dans des bouteilles vert clair, qui seront dirigées sur Marseille ou le Havre. Avenue des Sources, ce sont les vastes bâtiments de manutention, de mise en bouteilles ou en bonbonnes, opérations fort intéressantes, rapides, ingénieuses et auxquelles on peut assister. C'est ensuite dans un hall aux grandes et belles proportions la grande buvette de la Source Cachat. En face, près de l'escalier qui conduit au Splendide Hôtel, la buvette du Parc, de style roman, plus loin, le griffon de la source Cachat, encore intéressant à visiter, la source des Cordeliers, la source Première, la source des Grottes.
Sur le quai Baron de Blonay, ancien administrateur de la ville, se dresse l'établissement thermal, surmonté d'une coupole, de trente mètres de haut ; dans le hall octogonal d'où partent les escaliers et les couloirs de service et l'ascenseur, quatre fontaines, allégories des sources Cachat, Bonnevie, Clermont, Cordeliers, dispensent l'eau dans des vasques de marbre rouge. Au Casino, l'eau des sources Clermont et des Cordeliers est à la disposition du public. L'eau d'Evian Cachat est encore sur toutes les tables des restaurants et dans les hôtels, c'est le verre d'eau pour la nuit, et un service spécial en assure la distribution en cruchons bleu de Sèvres, dans toutes les maisons particulières et les villas. (ouvrage déjà cité)

40. Alphonse Guillot : " En Chablais". 1/2.

---------------------------

Après un arrêt de quelques minutes le train avance dans les rayons de soleil faisant fuir les papillons jaunes, bleus, posés sur les fleurs des talus, la vue s'élargit, le lac prend plus d'ampleur, un léger brouillard en estompe encore la surface. Dans la plaine, le delta de la Dranse s'étend sur plusieurs kilomètres de largeur et de profondeur. C'est un immense dépôt d'alluvions, de sable et de galets apportés des montagnes, roulés depuis des milliers et des milliers d'années par les torrents aux eaux fougueuses dans les hauteurs, et qui maintenant, assagies, calmes, s'écoulent en plusieurs petites branches sous les ruines d'un pont datant de l'occupation romaine et, contraste bien moderne, alimentent une manufacture de papier à cigarettes.
On prend de plus en plus contact avec le panorama qui attire, émerveille, captive, et exerce son influence sur tous les voyageurs, même sur ceux qui le connaissent. De l'ensemble, se dégage une impression toute particulière [...] de l'apothéose offerte aux regards par la nature, qui, du chaos des montagnes, des dentelures de la Dent d'Oche, descend jusqu'aux molles ondulations de la terre et à la surface unie du lac. (Impressions de voyage et de séjour - 1930)