11.01.2008

287. Jean-Pierre Larpin : La pierre de Meillerie. 2.

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2. Mais les perles rares se découvrent au printemps. Vous atteignez donc Meillerie dès avril, à la voile ou à moteur. Du large on entend les ruisseaux dévaler de Mémise, grossis par la fonte de la neige. Les bois sont encore bruns, le port encore désert. L'entrée occidentale du port, l'ancienne sortie naturelle des barques, a été bouchée pour diminuer le clapot. Il s'agit de permettre aux caravanes flottantes d'aujourd'hui de passer la nuit aussi tranquillement que dans un parc à voitures. Ainsi gagne-t-on en confort ce que l'on perd en nautisme. L'époque a ses raisons que la navigation ne connaît pas. […]. Quelques photos des barques et du port sont quand même visibles chez l'ancien maire, chez les tantes Irène et Eugénie, tenancières du Café du Centre, et dans les hôtels de la Terrasse et de la Croizette, à chaque extrémité du village. Sur la jetée, le coucher du soleil est splendide. Vous portez le regard du Jura aux Rochers de Naye en trinquant le coup de blanc. Au village l'accueil est aimable et tranquille. Le chat noir dort sur la table du bistrot, le grand-père revenu de Lyon raconte ses souvenirs, Madame Eugénie a refait ses frisons. Vingt dieux! Que l'hiver était long chez nous aussi, vous savez. Les primevères garnissent le talus du port, les pêcheurs parent les grands filets, on va du bon côté, comme on dit en face.