11.01.2008

286. Jean-Pierre Larpin : La pierre de Meillerie. 1.

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1. Quand vous faites le tour du Haut-Lac, le bateau vous emmène tout d'abord à Evian, ville d'eau verte et riante. Puis il longe la côte de Savoie, Grande-Rive, Petite-Rive, Torrent, Tourronde défilent sous vos yeux qui admirent les cerisiers en fleurs, les châtaigniers touffus et séculaires, repèrent les hameaux cachés, Véron, Vieille-Eglise, Les Combes, Troubois et Chez-Busset. Vous doutez un instant de ces récits de carrières sauvages, de ruisseaux en cascade, de forêts impénétrables, à propos de Meillerie. Vous n'en doutez pas longtemps. Brusquement le décor devient sombre, le vert clair vire au noir, la montagne vous écrase, plongeant dans l'eau profonde. Seuls quelques rochers émergent des taillis, perchoirs de hérons cendrés magnifiques et circonspects. Soudain une échancrure, une église, des maisons grises et un débarcadère. Vous êtes à Meillerie. Le bateau à vapeur n'accoste qu'en juillet et en août car cette escale n'intéresse presque personne […] Seuls les capitaines saluent Monsieur le curé d'un coup de sifflet en agitant la casquette, comme ils le font symétriquement en passant devant le Dézaley de la Ville. Ainsi passent les messages entre la vigne et le Seigneur et ainsi demeure l'esprit lémanique.