---------------------------
Né en mai 1904, André Guex entreprend des études de lettres l''Université de Lausanne. Très jeune, il s'initie à la voile et à l'alpinisme. Ces passions pour le lac et la montagne feront toute sa vie l'objet de son attention d'écrivain. Il commence par enseigner au Gymnase classique de Lausanne, puis il voyage en Finlande et en Grèce.
Trois lignes de force se dégagent dans la vie d'André Guex: l'enseignement, l'écriture et la vie. La reconnaissance spontanée du mérite intellectuel, voire de la supériorité des livres, a marqué out son enseignement. L'écriture, quant à elle, doit témoigner des efforts, des risques et des conquêtes des hommes. La vie enfin, il l'a explorée en navigateur et en alpiniste: le Léman et le Valais sont au coeur de ses expériences d'homme du lac et de la montagne. En 1983, André Guex reçoit le Prix des écrivains vaudois pour l'ensemble de son oeuvre. Il décède en avril 1988.
Source : http://www.unil.ch/bcu
-----------------------------------------------
Si lointains, ces premiers souvenirs du lac, perdus sur la frange des grèves entre le Rhône et le Grand Canal, au pays des grenouilles, du sable et des roseaux. […]. Le rebat posa ses plaques bleues sur l’eau et nous emporta doucement vers le Rhône, froissant l’eau comme un papier de soie sous l’étrave. Depuis ce temps, j’ai vu bien des vagues et entendu siffler le vent dans bien des gréements dont quelques uns ne valaient pas cher ; jamais je n’ai retrouvé à ce degré l’angoisse délicieuse de l’Aventure, et quand les peupliers de la plaine vinrent à notre rencontre, nous crûmes approcher de je ne sais quelle île[…]. J’ai recherché et retrouvé une nature intacte, inaltérable, une vision identique à celle des premiers hommes qui vécurent dans ce pays. Tout près, leurs travaux ont façonné le rivage, comme pour se venger d’un espace qui échappait à leur cadastre ; ici les arbres, les roseaux et le sable vivent à leur guise leur vie d’arbres, de roseaux et de sable. Bien mieux que dans les livres, j’ai appris là ce que c’était la lumière, l’étendue, la transparence, la profondeur et peut-être, ce que j’étais moi-même. « Enfances », in Voiles et carènes, pp. 20-22.