11.11.2007

162. Michelle Meyer : "Hommage à Camille Blanc".

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A la mémoire de Camille Blanc, maire d'Evian, victime d'un attentat de l'O.A.S. le 31 mars 1961 alors que le gouvernement français entreprenait des pourparlers de paix avec le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne à l’hôtel du Parc. Un an plus tard, le 18 mars 1962, les accords d'Evian mettaient un terme à la guerre d'Algérie .
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Le temps d'un accord

Le bateau troue la nuit de ses phares allumés
L'onde frétille et la terre finit en queue de poisson
Un pêcheur pose ses cerceaux
Le flot s'amuse
et musent les joueurs du casino.

Rêver au fil de l'eau quand Lausanne s'illumine
Fantasmagorie d'un soir où le rêve s'éternise
Avec cette chanson lisse qui s'épuise sur la rive
Les lumières rassurent en cette heure de paix grave

Avec la fêlure du jour, les éclaboussures de sang
Un jour du calendrier marqué de sang coagulé
délayé dans les circonstances de la Circonstance.

Jamais peut-être
jusqu'à cette journée grosse de discorde
il n'y eut bise noire plus noire
que les pourfendeurs de la liberté retrouvée.

Jamais peut-être
jusqu'à cette nuit de pleurs sans larmes
il n'y eut clair de lac sur faucille de lune
plus clair que cette paix enfin assurée

Evian sur un accord désaccordé
se tranquillise au bord du lac
avec cette musique qui l'accompagne
Le cygne blanc passe majestueux
Pour toujours la fuite du temps
dans les clapotis de l'oubli.

161. Jean Dutrait : "Points de repère". 2/2.


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2. Installé loin de ce pays, j'ai découvert le fleuve Rhône en le traversant à la nage de rive gauche à rive droite et retour après longue dérive. Cette eau glisse, lourde, en aval de la ville de Lyon; c'est une fureur muette et froide - je ne savais pas où le Rhône pouvait mener ni d'où il venait.
Un jour, je découvre à Paris le peintre Turner. Un Anglais qui avait aimé les montagnes et les eaux. Il avait voyagé, le dessin et la peinture lui avaient permis de s'implanter pour
un temps sur des territoires qui cessaient d'être étrangers puisqu'il parvenait à en dégager la beauté principale. Le choc! L’émotion, l'amusement : je découvre un tableau sous-titré: «Bonneville, Savoie, avec le Mont-Blanc». Une large vallée dont la vue avait enthousiasmé le peintre, une montagne, des montagnes jamais encore contemplées par moi sous cet angle : je me trouvais tardivement et tout à coup situé dans le lieu précis où j'étais né - mon pays natal dans un tableau. Le peintre avait exécuté un grand nombre de dessins durant l'année 1802 dans cette région par laquelle il était émerveillé ; puis l'année suivante, il réalisa des tableaux d'après ses dessins. Je n'eus qu'une hâte, celle de retrouver ce pays, trop tôt abandonné par mes parents. Parti en direction de ce lieu, je me suis égaré: c'est le lac que j'ai rencontré, traversé par "mon" fleuve. J'ai contourné cette étendue d'eau travaillée par des hommes que je ne connaissais pas et fus pris du désir de m'orienter vers la mer.
Jean Dutrait

160. Jean Dutrait : "Points de repère". 1/2.

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1. Enfant, je possédais une étendue d'eau - je peux dire qu'elle m'appartenait puisque, l'été, je m'y baignais; j'avais l'impression de me jeter dans la montagne de la Chartreuse qui domine, et que je ne pouvais pas encore atteindre. J'avais nagé depuis le bord jusqu'à une île minuscule - à bout de souffle, parce que c'était la première fois que je parcourais une vingtaine de mètres à la nage. Quand j'ai agrippé la racine qui saillait, horizontale, au-dessus de l'eau, j'ai été certain d'avoir accompli un bonheur.
Lac creusé sans doute par un, ébranlement très ancien de la terre, je l'abordais à cinq heures du matin, en juillet, pour pêcher - c'était surtout pour jouir du silence et surprendre la montée de la lumière par étapes successives au contact de la terre, de l'eau, de la montagne jusqu'à ce que la brûlure me contraigne de rentrer, soûlé d'éblouissement.
D'autres étendues d'eau douce, cent fois plus vastes, furent visitées, devinrent familières grâce à la nage - le long des roseaux ou bien droit devant soi, sans accomplir la traversée parce que le rivage, en face, semblait reculer - et toujours la montagne bleue ou grise, barrait l'horizon.
D'un lac à l'autre, pays montueux - parcouru à pied ou à bicyclette, patiemment aimé ; de l'un à l'autre, beaucoup de douceur et de paix: durant l'été, ce paysage ne me paraissait pas devoir supporter le travail et la peine.
Un jour, on me fit découvrir la saveur du poisson des profondeurs lacustres : le lavaret, puis une autre fois celle de la féra - repères gustatifs importants, car je m'étais senti emmené bien loin des goûts de vase ou des parfums terreux que la nourriture courante offrait tristement; il y avait un raffinement quelque peu mystérieux dans cette chair nouvelle.

159. Jean-Louis Jacquier-Roux : "Le lac perdait son temps". 2/2.


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Au chalet, Itzak et Farouk se battent à tout moment; ils s'ouvrent le nez ou les arcades à coups de raquettes de ping-pong sans d'autre haine que celle qu'excite la montée de la colère. Elle dit : « La guerre des Six Jours, j'ai eu peur pour toi. C'est fini à présent » Ce n'est pas fini : Itzak, Farouk, ils ont douze ans. Je leur enfonce la paix dans le crâne, à grands coups de poing. Les petites filles U.S. se frottent contre moi : leurs grands frères sont en Asie. Elles me font lire les lettres qu'ils leur envoient. Elles voudraient faire l'amour.
Tout au long du lac claquent les drapeaux des nations. L'asphalte est lisse couche de goudron régulière, confortable. Juste au-dessous toujours la même rive acérée.
Je heurte le coude du chauffeur dodelinant. Le car bascule, s'empale sur une poutrelle d'acier fichée dans l'eau; les roues tournent dans le vide.
J'ai simplement effleuré le bras strié de veines noires. Coup de frein. Il veille, le bougre. Panique. Ç'aurait pu ... Vu de la barque, là-bas sur le lac, le car file rutilant et têtu. Il semble emporter au moins deux jeunes gens vers quelque chose d'éblouissant. Veines noires et dures à crever la peau l'autre éperonne son siège. Il marmonne dans sa tête qui hoche, il marmonne tout le temps l'air triste : « Putain de lac, putain de lac » Nous avons à présent les dents serrées sur notre bonheur: « Plus vite chauffeur ! Plus vite, Bon Dieu !

Jean-Louis Jacquier-Roux

158. Jean Louis Jacquier-Roux : "Le lac perdait son temps". 1/2.

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« Plus vite, chauffeur! C'est à nos épousailles que tu nous mènes » Contre mon cœur, dans la poche de ma chemise, j'ai nos deux anneaux d'argent achetés la veille chez Walther Weber, horloger-bijoutier à Aigle. Poignets menottés au volant, le conducteur hoche la tête, sans arrêt, comme une bête énervée. Le car file le long du lac dans la chaleur cuivrée.
Eté 67. Va-et-vient Genève-Lausanne-Vevey. Pressé d'amour dans des trains proprets. Vitres et chromes brillent tout contre la peau ternie, la peau malade du lac. L'eau gruge les voyageurs d'un bleu idéal. Nous comptions les jours.
Genève. Nous nous tenons embrassés contre la barrière d'un ponton. Cohen s'avance en souriant vers nous: il vient d'achever Belle du Seigneur. En peu de mots, nous lui disons notre vie à venir. Il jubile. Elle court acheter son otoscope quelque part dans une rue à tramways. Une affaire. Elle veut que je regarde dans le fond de son oreille. Lumière de cave. Je tremble: si quelqu'un nous bouscule, je lui perce le tympan. A Cornavin, je la mets dans un rapide, mais cette fois, je pars avec elle. Au pied des Diablerets, gardiens d'un sale troupeau d'enfants riches, nous allons vivre ensemble des jours et des nuits. Des nuits entières. Au réveil, nous pouvons voir, en haussant le cou, une anse du lac. Endrapés de blanc sur notre balcon au-dessus du monde, nous attendons le soleil. Parfois d'en-bas montent des brumes tiédasses qu'exhale le marigot. Elie dit qu'elle attend des jours plus beaux que celui de notre mariage.
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Evian : fresque murale, rue Nationale

157. Ménaché : "Parenthèses". 3

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3. De l'une à l'autre, j'ai quitté le Léman. J'y suis revenu.
Hasard et nécessité. Je l'habite, sur les traces invisibles de ce grand-père que je n'ai pas connu, et qui, tout comme moi, était gourmand de bon poisson. Pas de repas, me disait récemment mon oncle Moïse, Maurice pour l'état civil helvétique, avant lequel il n'exigeât de poisson au menu ! Ma grand-mère n'avait pas toujours la vie facile avec ses impératifs. Autoritaire, il l'était avec les siens,' violent parfois avec son frère Nissim, vieux garçon quelque peu inadapté à la vie occidentale. ..
Parenthèses vivantes, mouvantes, le Léman palpite de toutes ses écailles. Lourdes lauzes ondulant sous les plafonds gris des ciels d'orage. Fines ardoises turquoise en pleine lumière. Glapissements lancinants des flots étamés ébouriffés dans la bise noire ...
Spectacle toujours changeant de la fenêtre ouverte. Cette symphonie entre ciel et eau s'enfle d'anciennes et nouvelles parenthèses.
Parenthèses ouvertes, recouvertes. Ma vie coule. D'autres vies s'estompent au loin, disparaissent enfin, mais surgissent soudain à la crête d'une touffe écumante.
L'hiver dernier, lors d'une baisse mémorable de la température, le Léman a fumé. Devant moi aussi les eaux soulevées de chaleur du lac de Tibériade ... Légendes. Boutade du feu au lac ! Le chaud et le froid. La vapeur et la glace. Combat d'amour entre l'air et l'eau. Août 1985. Ménaché "Cinéma en prose"

156. Ménaché : "Parenthèses". 2


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2. Je portais à mon cou le collier léger de la Croix-Rouge (G.E. 9419). J'ignorais l'étoile jaune. Je ne devais pas mourir à Auschwitz comme mes grands-parents paternels Marcos et Rébecca, restés à Lyon, dans la tourmente, et que jamais plus nous ne reverrions ...
La Suisse, c'était l'asile, le Pérou des parias de la domination nazie, de ceux tout au moins qui avaient eu la bonne fortune, dans leur misère, de n'avoir pas été repoussés à coups de crosse ou de talon.
Et pour Abraham, l'autre grand-père que je n'ai pas connu, le Léman avait déjà été, trente années plus tôt, un havre de paix, un Bosphore de substitution, puisque lui aussi, membre de la communauté juive sépharade de Constantinople (on ne disait pas Istanbul dans ma famille!) avait, avec nombre de ses coreligionnaires fébriles, emprunté le bateau de l'exil, fuyant la xénophobie, le nationalisme imbécile, qui rompaient un pacte de quatre siècles de coexistence relative, depuis la fuite d'Espagne ... Ce Bosphore du Nord, Abraham venait le goûter à Amphion, dans les années vingt. Ce petit port de pêche portait d'ailleurs le même nom, phonétiquement, qu'un port turc voisin de Constantinople. Il aimait à savourer là des poissons du lac, dans un restaurant sur pilotis, puis digérant, heureux, il regardait nager ses cinq enfants.
Parenthèses pour parenté. Parenthèses en aparté. De ce petit port d'Amphion également, fuyant l'occupation, des familles juives purent gagner de nuit la rive suisse, échappant ainsi aux trains de la mort. Toutes n'eurent pas cette chance. Du port de Rives, à Thonon, Mendès-France lui-même s'embarqua, après son évasion de la prison de Clermont-Ferrand, pour rejoindre Londres, en été 1942, sauvé par les pêcheurs professionnels Louis Duchêne et Lolé Lugrin. La barque a vieilli mais elle est toujours ancrée à la même place. De la guerre mondiale à la guerre d'Indochine, elle a tout de même changé de nom ! C'était l'oncle Paul, puis ce fut l'oncle Ho. Allez savoir !
A Constantinople, Abraham Papô avait été ferblantier. C'était un artisan habile qui vous découpait un plat dans une tôle et lui donnait la juste forme en quelques tours de main ... En Suisse, après quelques péripéties, il devint grossiste en porcelaine, à Bienne d'abord, à Genève ensuite, important la plupart des marchandises de son négoce de France et de Tchécoslovaquie, tant et si bien que l'affaire reprise par ses deux fils après sa mort, périclita un peu durant les années de guerre, le trafic étant quasiment interrompu avec les pays occupés ... Parenthèses à peine ouvertes ? Déjà refermées ?

155. Ménaché : "Parenthèses". 1

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Les textes 155, 156, 157 (MENACHE), 158, 159 (Jean-Louis JACQUIER-ROUX), 160,161 (Jean DUTRAIT), 162 (Michèle MEYER), ont été empruntés à une très bel ouvrage collectif richement illustré, intitulé "Léman - Expressions sans visage", ISBN 2 904 638 71 7. Il peut être consulté à la médiathèque C. RAMUZ à Evian-les Bains---------------------------------------------------Parenthèses.

Depuis sept années, mes fenêtres s'ouvrent sur le Léman. C'est un bonheur dont je n'ai de cesse de m'étonner chaque jour, au théâtre vacillant des flots et des saisons.
Le soir par temps clair, Lausanne est hallucinée de lumières inquiètes qui envoûtent la nuit. Telle une toile de Radziwill que j'ai l'impression de posséder, immense, projetée dans mon horizon nocturne.
J'éprouve un vertige délicieux et douloureux à la pensée que cela n'a rien que de provisoire, qu'il y aura d'autres panoramas sous mes fenêtres, d'autres bruits que celui des vagues, d'autres routes, d'autres horizons. Les rives du Néant après celles, somptueuses, du Léman
Pour moi, tout a commencé, c'est-à-dire mon premier enchantement direct avec le lac, en 1943, à Genève. J'avais deux ans. C'était la guerre. Seconde naissance. J'étais là sans le comprendre, en réfugié. Mais, paraît-il, j'en avais eu l'intuition précoce, en ne bronchant pas, dans les bras de ma mère, lorsqu'il avait fallu se déchirer aux griffes d'acier, à quelques dizaines de mètres des soldats italiens, précédés de chiens zélés. Ne pas hurler. Ne rien dire. Se blottir. Attendre la paix de l'autre côté de ce providentiel espoir de barbelés.
Première parenthèse ouverte d'une rive à l'autre rive. D'une vie à l'autre vie. Je m'y engouffre. M'y suive le lecteur, s'il ne craint pas les éclaboussures en haute mémoire ...
A deux ans donc, fuyant l'enfer, j'étais recueilli en cet envers de la terreur, dans l'appartement de Lucie, ma grand-mère maternelle, rue de Monthoux, au-dessus d'une boulangerie-pâtisserie débordante de chauds parfums, et qu'on démonte aujourd'hui, pierre à pierre, derrière l'actuel grand casino, pour la transplanter ailleurs ! Là, deux années durant, j'ai découvert la pointe du Léman, à courtes enjambées. J'ai aimé aussitôt ce goulot d'étranglement du lac. J'y ai abouché mon enfance. J'en ai gorgé avidement ma rétine. Oh ! Ce n'était pas vraiment votre lac, dans son enclave montagneuse, dont j'irriguais ma joie d'être au monde. J'aimais la danse des voiles, le balancement nonchalant des barques de pêche, les grands bateaux à roues aux arrogantes stridulations, les petits canots à moteur hoquetant ou aboyant dans leur sillage.
J'aimais le pain sec pour les cygnes, défi aux restrictions. L'envol tourbillonnant des mouettes vitupérantes. Le petit train de bois polychrome remorqué de la main, sur le quai, à la merci des saboteurs potentiels de la promenade, sans doute indifférents à mes voyages oniriques. Le prestigieux jet d'eau, douchant le ciel, et maintenant à distance les bombardiers fous de l'Europe en guerre ... Margelle de sécurité sous d'heureux auspices.

154. Lord Byron : "Clarens".

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Clarens! aimable Clarens, berceau du profond amour ! ton air est le souffle jeune et passionné de la pensée; tes arbres fructifient par l’amour ; les neiges qui couronnent tes glaciers ont emprunté ses couleurs ; et le soleil couchant les voit teintes de couleurs de rose, où ses rayons se reposent tendrement. Les rochers, leurs crêtes éternelles parlent ici de l'amour qui chercha parmi eux un refuge contre les chocs du monde qui agitent l'âme et la remplissent de douces espérances, pour s'en moquer ensuite.
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Ô Clarens! tes sentiers sont foulés par des pieds célestes, par les pas de l'immortel amour. Ici son trône a pour marchepied des montagnes où ce dieu, est une vie et une lumière vivifiante. Il ne se montre pas seulement sur ces sommets majestueux, ni dans les grottes et les forêts : son œil étincelle sur la fleur, et son souffle l'agite; ce souffle si doux de l'été, dont le tendre pouvoir surpasse celui des tempêtes dans les moments de plus grande désolation.
Lord Byron (1788-1824)
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153. Lord Byron : "Limpide Léman".

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Limpide Léman ! Le contraste de ta surface tranquille avec le monde si agité où j'ai passé mes jours m’avertit de renoncer aux, ondes: troubles de la terre, pour une source plus pure. Cette voile paisible qui m’entraine est comme une aile silencieuse qui m'arrache: aux bruits et aux distractions de la vie. J’aimais autrefois le mugissement de l’océan soulevé mais tes doux murmures sont pour moi comme la tendre voix d’une sœur qui me reprocherait d’avoir trop aimé à être ému par de sombres et orageuses délices.
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C’est l’heure de l’arrivée silencieuse de la nuit, et entre tes bords et les montagnes tout est déjà sombre, mêlé et confus ; cependant on aperçoit encore distinctement les objets, excepté le noir Jura, dont les hauteurs se montrent comme d’effrayants précipices. En approchant plus près, une brise vivifiante souffle du rivage et apporte de fleurs fraichement écloses. On entend les gouttes d’eau qui tombent de la rame suspendue, ou les bruits du grillon qui chante ses adieux à la nuit.
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L'aurore a reparu à-l'Orient, l'aurore humide de rosée, qui répand partout ses parfums; et fait éclore les fleurs. Son sourire chasse les nuages avec un aimable dédain, et verse la vie à pleines mains, comme si la terre, ne renfermait aucune tombe. Le jour la remplace : nous pouvons reprendre le cours de notre existence; et c'est ce que je fais encore sur tes rivages, beau Léman ! Je puis trouver un aliment à la méditation, et ne pas te quitter sans m'être arrêté longtemps près de toi.