10.06.2007

132. Joseph Dessaix : "Ce qu'il est beau mon pays".

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Joseph Dessaix est un auteur savoyard, né à Allinges (Haute-Savoie), le 7 mai 1817 et mort à Évian en 1870 d'une angine de poitrine. Il était le neveu du général Joseph Marie Dessaix de l'armée de Napoléon. En 1848,il commence une carrière politique en tant que républicain, fédéraliste et ardent défenseur de l'unité italienne. Il est emprisonné durant deux ans, sans jugement, pour avoir écrit une satire contre le roi Charles-Albert. À sa sortie, il tue en duel un adversaire politique et doit s'exiler.
De retour en Savoie, il est emprisonné, mais une vaste campagne de pétitions pousse le roi Victor-Emmanuel à le gracier. Dès lors, il va se consacrer à des travaux littéraires, et en particulier à son encyclopédie consacrée au Duché de Savoie « La Savoie historique pittoresque » en deux volumes (1854). En 1855, il fonde à Chambéry, la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, dont il devient le premier président, puis devient historiographe officiel du percement du tunnel du Fréjus au côté de Germain Sommeiller. En 1856, lors de la fête donnée en l'honneur du statut constitutionnel de 1848, il présente un chant nommé « La Liberté » qui évoque la Liberté en tant qu'allégorie vivante qui chassée de France se réfugie dans les montagnes de Savoie où elle trouve le soutien du peuple des Allobroges qui va aider moralement tous les peuples du monde qui aspirent à la liberté.
Très vite ce chant va connaître en très grand succès à travers tout le duché de Savoie et même à Genève et à Lausanne, et va être plus connu sous le nom de Chant des Allobroges, devenu l'hymne de tous les Savoyards. (
Source : Encyclopédie Wikipédia)
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C’est qu’il est beau, mon pays, et rien ne l’égale. Il faut le voir dans une tiède soirée d’été, quand pas un souffle d’air ne fait bruire la feuille. Tenez : le soleil s’incline à l’horizon, il dore la crête des monts helvétiques, ses derniers rayons semblent découper dans le feu leurs bizarres dentelures en teignant de rouge les vapeurs aux figures fantastiques qui nagent dans les airs. On dirait, là-bas, une immense incendie qui embrase l’atmosphère, et cependant le roi du ciel a disparu et la nature peu à peu s’enveloppe de ce voile plein d’ombre et de silence, précurseur de la nuit. Déjà quelques points d’or cloués au firmament scintillent aux dernières limites de la vue, le cristal des eaux en reçoit l’image qui tremblote sur la mobile immobilité, les étoiles du ciels se sont donné rendez-vous sur l’élément liquide, et elles rivalisent d’agilité en glissant sur le miroir de l’onde. Mais bientôt vient la lune, son disque paraît avec lenteur et majesté derrière la cime des montagnes ; à mesure qu’il s’élève, les étoiles pâlissent, le ciel passe au bleu clair, les ombres s’effacent, sa tiède lueur glisse à travers la feuillée, et ses reflets, dans l’immense horizon qu’ils argentent, soulèvent sur la ride des ondes d’or. L’eau électrisée, attirée par une puissance qui la magnétise, semble pétiller, et l’âme elle-même s’enivre, sous la douce influence de l’astre des nuits.