10.06.2007

111. Alphonse de Lamartine : "Nernier et à l'entour".

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Le lendemain, je descendis au point du jour, du côté du lac, vers Nyon. C’était au mois de mai ; le ciel était pur, les eaux du lac resplendissantes, et tachées, çà et là, de quelques voiles blanches. L’ombre des montagnes s’y peignait du côté de Meilleraye, avec leurs rochers, leurs forêts et leurs neiges.. Je m’enivrais de ces aspects alpestres que je n’avais fait qu’entrevoir quelques années auparavant. [...] Tout était vide et calme. Seulement j’apercevais, au-delà de la ligne bleue, dessinée en pleine eau par le lac, la barque de Lausanne qui penchait sa voile sous le vent en labourant les vagues à une demi-lieue de moi. Quelques oiseaux blancs, aux longues plumes triangulaires, voguaient ou plongeaient entre la terre et la barque, puis disparaissaient en la suivant. On n’entendait aucun bruit, tout faisait silence. [...] La nature la plus idéale, la saison la plus tiède, la solitude la plus silencieuse, la société la plus innocente et la plus bornée : la fille du batelier, une chambre, une hirondelle, un chien, un lac pour horizon, une espérance vague et imprécise pour perspective et la sève de la jeunesse pour vivifier tout cela, c’était tout ce que l’humanité pouvait désirer. Non, jamais je n’ai vécu de jours qui aient égalé ces jours de Nernier. La mélancolie et le désert ne trouveront pas deux fois un tel Eden. (Alphonse de LAMARTINE)