Madame Claude MIGNOT-OGLIASTRI est professeur émérite de l'Université de Montpellier
*******************************
Présentation de l'ouvrage, publié aux Editions Méridiens KLINCKSIECK. ISBN 2-86563-150-8
*******************************
Anna de Noailles nous introduit au cœur de l'époque 1900, dont elle fut un phare. Pour ses contemporains, déçus par l'illusion scientiste, insatisfaits du symbolisme quintessencié, de son refus du monde extérieur, du pessimisme de l'esprit finde-siècle ou de la petite musique douce-amère des Décadents, sa poésie répondait à une attente: un naturisme frémissant et sincère, une soif de vie inapaisée, un goût du verbe qui renouât avec la tradition populaire du romantisme. J'espère ramener les lecteurs vers cette œuvre savoureuse et originale en ressuscitant ici la jeune fille poète, la militante de l'affaire Dreyfus, la femme exaltée et souffrante.
Mettre ce livre sous le patronage de la princesse de Polignac et de sa généreuse Fondation, c'est le mettre sous l'égide de la musique, sans laquelle on ne saurait comprendre la figure et l'œuvre d'Anna de Noailles. Le prince et la princesse Edmond de Polignac, qui parmi les premiers encouragèrent les poèmes de l'adolescente. [...] Dès ses jeunes années, vers et prose furent d'abord pour elle une musique qui jaillissait de son corps vibrant et réceptif: « J'ai vécu au son de ma voix. » Et à sa mère mourante elle dira: « Je suis issue toute entière du bois de ton piano. » Cette imprégnation subtile va beaucoup plus loin que la musicalité des strophes et des phrases. C'est, dès l'enfance, une appropriation hardie de l'espace par le langage.
Mettre ce livre sous le patronage de la princesse de Polignac et de sa généreuse Fondation, c'est le mettre sous l'égide de la musique, sans laquelle on ne saurait comprendre la figure et l'œuvre d'Anna de Noailles. Le prince et la princesse Edmond de Polignac, qui parmi les premiers encouragèrent les poèmes de l'adolescente. [...] Dès ses jeunes années, vers et prose furent d'abord pour elle une musique qui jaillissait de son corps vibrant et réceptif: « J'ai vécu au son de ma voix. » Et à sa mère mourante elle dira: « Je suis issue toute entière du bois de ton piano. » Cette imprégnation subtile va beaucoup plus loin que la musicalité des strophes et des phrases. C'est, dès l'enfance, une appropriation hardie de l'espace par le langage.