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Le charme de Vevey vient du lac, sinueux et élégant vers Genève, majestueux et ample du côté de Lausanne. Que de nuances fugitives et délicates, quelle mobilité, dans ses aspects suivant la saison, l’heure du jour, le rayon de soleil, le nuage qui passe, la brise qui s’abat sur les eaux. Le matin, une brume argentine flotte à sa surface et ouate ses rives ; sous cette douce étreinte, l’eau dort, immobile. Le soleil, en montant, boit la vapeur ; le miroir des eaux reflète alors les rives avec leurs détails variés ; vieux castels, hameaux, bois touffus, pâturages, pics chenus, glaciers aux reflets nacrés ; c’est comme un second paysage, immergé et sommeillant, agité çà et là d’un léger frisson. L’onde sonore vibre au moindre bruit et renvoie le cri vainqueur du coq, l’aboiement du chien de berger, le chant du laboureur, la lente mélopée des cloches des villages savoyards, le bruissement de la rame du pêcheur, le croassement de la mouette qui trace ses orbes à la surface de l’eau et la fouette d’une aile rapide. Que de charme dans ces bruits confus, incertains, qui sont comme la voix de la contrée ! Mais le vent se lève et cette sonorité cesse, la surface du lac se ride ; une teinte d’un bleu indigo se répand sur ses eaux ; d’autres fois, ce sont des scintillations, des stries, des sillons lumineux, des surfaces crispées, d’autres immobiles et comme huileuses. Sur le soir, le calme se fait, et par lentes vibrations, le lac entre dans un repos solennel. (Genève et les rives du Léman, pp .224-225.)
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Vignobles, sur le coteau de Lavaux, entre Montreux et Lausanne