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2. Littérature et montagne.
La Nouvelle Héloïse avait prédisposé les âmes à goûter la poésie des lacs et de leurs coteaux. Meillerie, sur les bords du Léman, était un lieu de pèlerinage. Et Saint-Preux avait si bien raconté à Julie son voyage en Valais, si bien expliqué cette paix intérieure que procure la pureté de l'air sur les hauts sommets, qu'il éveilla aussi le culte de la montagne. Du même coup, elle entrait, elle aussi, dans la littérature.
Rousseau n'aimait pas les pays de plaine, mais pas plus les sommets âpres et désolés. Les torrents, les rochers, les sapins, les montagnes, les précipices, il les trouva, avec un peu d'imagination, sans gagner beaucoup en altitude. Il lui suffit de suivre la route des gorges de Chailles entre Lyon et Chambéry. Il avait mis à la mode le Valais, et on trouvait en Savoie des paysages analogues. On s'y porta. Mais par un singulier paradoxe, on crut que Saint-Preux se complaisait sur les cimes. Puissance du verbe ! On s'enthousiasma pour la haute montagne.
L'éveil scientifique collabora au renom de Chamonix. Les frères Deluc, étaient parvenus au Buet en 1770. Bourrit, le chantre de la cathédrale de Genève, n'était pas un écrivain né. On le lut. Il fixa l'intérêt sur le Mont-Blanc. Saussure en atteignit le sommet, le 3 août 1787. Elagué des observations rigoureusement scientifiques, le récit de l'ascension ne faiblit pas. Elle n'a pas toutefois l'émotion qui caractérise la dernière soirée passée au Col du Géant.
On afflua dans la vallée de Chamonix. On n'en finirait pas d'énumérer les voyageurs, les artistes, les écrivains qui, depuis le début du XIXème siècle, l'ont fréquentée, de concert avec les vallées ou les sommets du Valais. Et de fait, il n'y a pas de frontière entre les éléments savoyards et suisses de la littérature alpestre. L'ascension aux Dents du Midi de Sénancour, un des écrivains qui ont le mieux senti et interprété la haute montagne, s'appliquerait tout aussi bien aux Alpes de Savoie.
Dans la foule des écrivains venus aux pieds du Mont-Blanc, au début du siècle, Shelley et Byron y séjournèrent en 1816. L'Ode au Mont-Blanc de Shelley, est un hymne vibrant à la montagne énigmatique mais puissante, aux aspects multiples et aux bruits innombrables.
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