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Au bord du quai d'Evian, par un jour froid de novembre, le monument érigé en mémoire du prince Bassaraba de Brancovan, père de la Comtesse de Noailles.
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Le lac Léman, les cités qui le bordent, à travers l'oeuvre d'écrivains ou de poètes qui l'ont fait connaître et aimer.
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"Tout était vide et calme. Seulement j'apercevais, au-delà de la ligne bleue, dessinée en pleine eau par le lac, la barque de Lausanne qui penchait sa voile sous le vent, en labourant les vagues à une demi-lieue de moi. Quelques oiseaux blancs, aux longues plumes triangulaires, voguaient ou plongeaient entre la terre et la barque, puis disparaissaient en la suivant. On n'entendait aucun bruit. Tout faisait silence". (Mémoires inédits)
"Pour placer mes personnages dans un séjour qui me convint, je passai successivement en revue les plus beaux lieux que j'eusse vus durant mes voyages. Je songeai aux iles Borromées mais j'y trouvai trop d'ornement et trop d'art pour mes personnages. Il me fallait cependant un lac et je finis par choisir celui autour duquel mon cour n'a jamais cessé d'errer. Le contraste des positions, la richesse et la variété des sites, la magnificence, la majesté de l'ensemble, qui ravit les sens, émeut le coeur, élève l'âme, achevèrent de me déterminer et j'établis à Vevey mes jeunes pupilles" (A propos des héros de la Nouvelle Héloïse.)
On joue si bien la comédie à Lausanne, il y a si bonne compagnie que j'ai fait, enfin, l'acquisition d'une belle maison au bout de la ville [...] . Je verrai de mon lit le beau lac Léman. Cent jardins sont au-dessus de mon jardin. Le grand miroir du lac les baigne.
C'est au bord du lac de Genève que mon âme et ma foi se reportent encore aujourd'hui quand un sentiment généreux, une pensée de charité et de paix y germent encore. [...]
E.B. : Mon cousin Henri Franck était, si vous voulez, une sorte de Péguy juif, avec une certaine ferveur, une certaine inquiétude en plus […] Mon cousin Henri Franck était un véritable « rêveur du ghetto », un archange. Il vivait dans un rêve. Il était entré à l'Ecole Normale sans connaître la différence des sexes, lui qui avait deux sœurs. Un angélisme parfait. Il oubliait de manger ! Il a eu une très grande influence sur moi. Il m'a fait découvrir la musique, Wagner, Debussy... Je n'ai eu pour personne d'admiration aussi grande que pour lui. C'était une admiration d'adolescent. Sa mort m’a frappé autant que celle de mes, parents.[…]
Si j'étais un autre, j'essayerais de vous peindre ces monts neigeux et embrasés, ces vallées vaporeuses, les noirs escarpements de la côte de Savoie, les collines de Lavaux et du Jorat, peut-être trop riantes mais surmontées par les Alpes de Gruyère et d'Ormont ; et les vastes eaux du Léman, et le mouvement de ses vagues et la paix mesurée. [...]
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Une autre image à retenir , et qui hanta durant toute son existence le souvenir de la comtese de Noailles : celle du couvent des Clarisses d'Evian, où elle se rendait le dimanche, avec un plaisir si fort, écrivait-elle en 1913 en se le remémorant, qu'il lui semblait y "avoir failli mourir de la joie de vivre".jpg)
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1. Quand vous verrez la jolie retraite où je vous attends au bord du lac de Genève, son nom qui éveille des idées mythologiques vous paraîtra moins ambitieux. Seulement, vous penserez comme moi que l'instrument d'Amphion n'a pas accompagné de ses accords la construction de Thonon, ni celle d'Évian, deux villes séparées par une courte distance et qui ne doivent rien, je le regrette, à un fils de Jupiter.
** The Prisoner of Chillon fut composé par Byron en 1816 après sa visite du célèbre château, lors du tour en bateau du Lac de Genève qu'il fit avec Shelley en juin 1816. Le poète fut très impressionné par l'histoire de François de Bonnivard qui, au XVIème siècle, conspira avec les patriotes genevois pour secouer le joug du Duc de Savoie et fut emprisonné par deux fois dans les cachots du Château, au dessous du niveau de l'eau. Dédaignant quelque peu l'exactitude historique, il fait de Bonnivard, qui au milieu des affres de sa captivité conserve sa souveraine liberté intérieure, un vivant symbole de la résistance à l'oppression. Le vibrant "Sonnet of Chillon" qui accompagne ce texte est un hymne admirable dans lequel Byron s'affirme comme le dénonciateur de toutes les tyrannies.
"Clarens, sweet Clarens, birth place of deep love" "Clarens, doux Clarens, berceau du profond amour". On respire dans ton air le souffle de la pensée jeune et passionnée; tes arbres ont leur racine dans le sol de l'amour; ses couleurs se reflètent sur les neiges de tes glaciers et les derniers rayons du soleil couchant y déposent affectueusement une teinte rosée.
"Le lac Léman baigne les murs du château de Chillon. Du haut des blancs créneaux la sonde s'enfonce à mille pieds dans la profondeur de ses ondes qui enveloppent le donjon de toutes parts. Ainsi la double barrière de la pierre et des flots faisait de notre cachot une tombe vivante. L'obscur caveau où nous gisions est construit plus bas que le niveau du lac. Nous entendions jour et nuit les flots battre la muraille au-dessus de nos têtes. [...] Le roc lui-même tremblait alors et je le sentais trembler sans crainte, car j'aurais accueilli en souriant la mort qui m'eût délivré » (Le prisonnier de Chillon )
"En ces matins d'octobre, l'absence de baigneurs rendait à la navigation industrieuse les bateliers tous enrôlés, en été, dans le service des sources ou du port mouvementé d'Evian-les-Bains. Des voiliers chargés de graviers, larges barques bien ouvertes, dessinaient sur l'horizon, divisé par la ligne des montagnes, d'un bleu accentué, la forme d'un ange parcourant les flots. Les balcons et les terrasses des villas empiétant sur l'espace semblaient aider l'homme à conquérir un peu plus de cet azur qui le tente, et paraît le guider vers le bonheur." (Le livre de ma vie)
"Nous étions de très petits enfants, heureux à Amphion, en octobre. Ce mois de cristal est le plus beau qui soit au bord du lac Léman. L'été finissant traîne ses caresses ensoleillées sur les prairies encore en fleur et qui soupirent de satisfaction. Les rayons plus vifs du matin amolissent l'onde en sa profondeur, jusqu'à tenir oppressée et immobile la vive et preste truite. Les oiseaux pris de vertige tournoient sans discernement dans une confusion bleuâtre, se trompent d'élément, pénètrent les vagues, d'où ils rejaillissent, si bien qu'on croit voir une hirondelle qui nage ou une ablette ailée" (Le livre de ma vie) 
Au fil du temps et des découvertes, j'ai rassemblé ici des textes littéraires, poétiques, historiques, des chroniques de voyageurs ou de journalistes évoquant le lac Léman, les hommes qui vivent sur ses rives, les terres et les cités qui le bordent.
Le blog est volontairement conçu pour être parcouru librement, sans a priori ni plan de lecture préconçu. Les textes s'affichent dans l'ordre inverse de leur date de création : le plus ancien est donc le dernier.