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Né à Thonon-les-Bains, le 25 janvier 1870. Fils d’avocat, Henry Bordeaux perpétua la tradition familiale et fit des études de droit, à Paris. Licencié ès lettres et en droit, il s’inscrivit en 1889 au barreau de Thonon. Après avoir exercé pendant quelques années à Paris, puis dans sa ville natale où l’avait rappelé la mort de son père, il choisit à partir de 1900 de se consacrer aux lettres, et entama une brillante carrière de romancier. Ses nombreux romans, parmi lesquels on compte notamment Le Pays natal (1900), La Peur de vivre (1902), La Petite mademoiselle (1905), Les Roquevillard (1906), Les Yeux qui s’ouvrent (1908), La Croisée des chemins (1909), La Robe de laine (1910), La Neige sur les pas (1911), La Maison (1913), La Résurrection de la chair (1920), La Chartreuse du reposoir (1924), La Revenante (1932), s’inscrivent dans la lignée de ceux d’un Paul Bourget, à qui il écrivit : « Il me semble que si, quelque lien rattache mes romans les uns aux autres, ce lien serait le sens de la famille ». Les romans d’Henry Bordeaux, qui pour la plupart ont pour cadre sa Savoie natale, sont en effet un hymne sans cesse renouvelé à la famille et aux valeurs traditionnelles, religieuses et morales, dont elle est la garante. On doit également à Henry Bordeaux, des recueils de contes et nouvelles, et plusieurs essais critiques. Henry Bordeaux fut élu à l’Académie française, le 22 mai 1919; il devait siéger à l’Académie française pendant plus de quarante ans et en devenir le doyen d’âge et d’élection. Henry Bordeaux est mort le 29 mars 1963.
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Si j’ai bien mérité de la Savoie en laissant battre son cœur au cœur de mes livres, j’ai choisi l’endroit où je désire que soit honorée ma mémoire, non par un monument, mais par une lecture ou un souvenir. C’est un jardin solitaire, au bord du lac, au pied de Thonon, proche du village de Rive baigné par les eaux que mollit une jetée […]. Au printemps, les rossignols y chantent et s’appellent à une longue distance. L’automne, les feuilles mortes s’y amassent et crissent sous les pieds, en se soulevant comme des vagues. A travers les branches on voit, le long du quai, glisser, comme des cygnes, les bateaux blancs qui s’en vont aux villes étrangères […]. Oui, dans ce parc abandonné sous ma ville natale, pensez à moi, vous qui m’avez aimé, ne fût-ce qu’une seconde, pour une phrase, pour un frisson, pour un paysage, pour un visage de femme, pour votre jeunesse, pour le goût et la force de vivre que vous avez retrouvés en me lisant.