11.11.2007

153. Lord Byron : "Limpide Léman".

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Limpide Léman ! Le contraste de ta surface tranquille avec le monde si agité où j'ai passé mes jours m’avertit de renoncer aux, ondes: troubles de la terre, pour une source plus pure. Cette voile paisible qui m’entraine est comme une aile silencieuse qui m'arrache: aux bruits et aux distractions de la vie. J’aimais autrefois le mugissement de l’océan soulevé mais tes doux murmures sont pour moi comme la tendre voix d’une sœur qui me reprocherait d’avoir trop aimé à être ému par de sombres et orageuses délices.
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C’est l’heure de l’arrivée silencieuse de la nuit, et entre tes bords et les montagnes tout est déjà sombre, mêlé et confus ; cependant on aperçoit encore distinctement les objets, excepté le noir Jura, dont les hauteurs se montrent comme d’effrayants précipices. En approchant plus près, une brise vivifiante souffle du rivage et apporte de fleurs fraichement écloses. On entend les gouttes d’eau qui tombent de la rame suspendue, ou les bruits du grillon qui chante ses adieux à la nuit.
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L'aurore a reparu à-l'Orient, l'aurore humide de rosée, qui répand partout ses parfums; et fait éclore les fleurs. Son sourire chasse les nuages avec un aimable dédain, et verse la vie à pleines mains, comme si la terre, ne renfermait aucune tombe. Le jour la remplace : nous pouvons reprendre le cours de notre existence; et c'est ce que je fais encore sur tes rivages, beau Léman ! Je puis trouver un aliment à la méditation, et ne pas te quitter sans m'être arrêté longtemps près de toi.