2.14.2008

219. Evian : une eau miraculeuse. 2/2

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UNE EAU MIRACULEUSE : LETTRE DE LA COMTESSE LOUISE-FRANÇOISE DE LESSERT A SON AMIE RENÉE DE MIREMONT (seconde partie)
Château de Blonay à Evian par Amphion, ce 21 septembre 1790.
Or c'est ici que nous entrons dans l'extraordinaire, même dans le merveilleux: au bout de quelques jours de ce manège, le marquis a cru se sentir mieux, le sommeil et l'appétit lui revenant un peu en même temps que l'humeur agréable et la vivacité du regard. Je tremblais à part moi que ce mieux ne fut qu'un leurre. C'est alors, ma chère Renée, que l'idée me vint de suggérer au malade d'abandonner quelques jours à la suite l'emploi de cette eau singulière. Il s'y résigna sur mon conseil mais avec peine. Et qu'en advint-il ? Vers le cinquième jour de cette abstention, la maladie reparut plus aigue, plus torturante que devant. Il n'y avait qu'à revenir au remède.[…]
Le comte est à peu près remis; son rétablissement n'est plus qu'une affaire de jours. Il ne tarit pas d'éloges sur les vertus de l'eau qui l'a guéri, et se propose pour utiliser ses loisirs d'écrire par le détail la narration de sa cure. […] Votre chère Françoise est dans le ravissement. Elle ne cesse de bénir le ciel qui l'a conduite en ce pays qu'elle tient maintenant pour le plus plaisant qui soit au monde. C'est qu'elle le voit en femme heureuse, en épouse aimée qui - approchez bien près votre oreille de mes lèvres - qui sera mère. Je vous embrasse bien fort pour cacher ma rougeur. Votre tendre et très heureuse . L. Françoise de Lessert