3.13.2007

60. Pour mieux connaître Anna de Noailles 1/3

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Il n'aurait point déplu à Anna de Noailles de voir confon­dus en une seule expression ces termes : histoire, légende et poésie. Car, encore plus qu'aux réalités concrètes~ plus qu'aux catégories établies jusqu'à l'arbitraire par les logiciens, elle croyait aux mots comme à un moyen de poursuivre les réalités mouvantes où, comme le remarquait Victor Hugo prêtant l'oreille à la parole de la bouche d'ombre, « les choses et l'être ont un grand dialogue ».
Un dialogue sans limites, qui n'aboutit pas, qui ne peut pas aboutir à une définition im­muable : rien, en effet, de ce qui existe dans l'univers n'arri­vera jamais à être tout à fait atteint. Un dialogue qui per­pétue la quête du vrai à travers le possible. Un dialogue qui est la meilleure et la pire des choses, puisqu'il permet la commu­nication des esprits, et il s'ingénie à ne point découvrir de point final puisque tout aboutit à une recherche de ce qui dépasse l'homme.
L'aventure du langage à travers les siècles n'a pu que servir à des approches d'un mystère semé d'embûches, de Sophocle et de Virgile à Racine et à Pascal, de Victor Hugo, Nerval, de Baudelaire à Rimbaud, à Mallarmé et aux surréalistes, enfants terribles du désespoir anarchiste de ne rien vouloir savoir quand on tente de dire. (Extrait de l'introduction de l'ouvrage de Louis PERCHE)