10.28.2008

274. Alice Rivaz.

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Une fois Vevey dépassé, il me sembla que le train se détachait des rails. Terre, arbres, maisons, tout ce qui était solide, avait disparu des fenêtres. Nous roulions entre ciel et eau. Il n'y avait plus rien d'autre qu'eux nulle part. Le ciel ne m'avait jamais paru si immense, ni si proche. Il était partout et selon les mouvements du wagon, il se mettait à descendre - ou bien était-ce nous qui montions vers lui ? - à se pencher vers nous, tout bleu de peinture, se mettait à monter vers nous jusqu'au niveau des fenêtres. Je me serais crue en bateau. Puis le lac se mit à jouer à cache-cache avec nous. Je ne le voyais plus, puis il réapparaissait, fragmenté entre des toits et des feuillages où on le voyait briller par de petits morceaux, pareils à des plaques de métal ou de verre brisé. ("L’alphabet du matin", page 240 à 243)
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