3.08.2007

40. Alphonse Guillot : " En Chablais". 1/2.

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Après un arrêt de quelques minutes le train avance dans les rayons de soleil faisant fuir les papillons jaunes, bleus, posés sur les fleurs des talus, la vue s'élargit, le lac prend plus d'ampleur, un léger brouillard en estompe encore la surface. Dans la plaine, le delta de la Dranse s'étend sur plusieurs kilomètres de largeur et de profondeur. C'est un immense dépôt d'alluvions, de sable et de galets apportés des montagnes, roulés depuis des milliers et des milliers d'années par les torrents aux eaux fougueuses dans les hauteurs, et qui maintenant, assagies, calmes, s'écoulent en plusieurs petites branches sous les ruines d'un pont datant de l'occupation romaine et, contraste bien moderne, alimentent une manufacture de papier à cigarettes.
On prend de plus en plus contact avec le panorama qui attire, émerveille, captive, et exerce son influence sur tous les voyageurs, même sur ceux qui le connaissent. De l'ensemble, se dégage une impression toute particulière [...] de l'apothéose offerte aux regards par la nature, qui, du chaos des montagnes, des dentelures de la Dent d'Oche, descend jusqu'aux molles ondulations de la terre et à la surface unie du lac. (Impressions de voyage et de séjour - 1930)