3.10.2007

51. Anna de Noailles : "Jeunesse".

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Pourtant tu t'en iras un jour de moi, Jeunesse,
Tu t'en iras, tenant l'Amour entre tes bras,
Je souffrirai, je pleurerai, tu t'en iras,
Jusqu'à ce que plus rien de toi ne m'apparaisse!

La bouche pleine d'ombre et les yeux pleins de cris,
Je te rappellerai d'une clameur si forte,
Que, pour ne plus m'entendre appeler de la sorte,
La Mort entre ses mains prendra mon coeur meurtri.

Pauvre Amour, triste et beau, serait-ce bien possible
Que vous ayant aimé d'un si profond souci
On pût encor marcher sur le chemin durci
Où l'ombre de nos pieds ne sera plus visible ?

Revoir sans vous l'éveil douloureux du printemps,
Les dimanches de mars, l'orgue de Barbarie,
La foule heureuse, l'air doré, le jour qui crie,
La musique d'ardeur qu'Yseult dit à Tristan !
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Jeunesse (extrait)