3.03.2007

15. Francis Wey : "Récits d'histoire et de voyage. 1865. 5/5.

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5. Transformé tout à la fois à ses deux extrémités, au bord du lac et au sommet de la côte, Évian changera d'aspect; mais la vieille ville, avec ses manoirs, ses clochetons et ses logis claustraux qui entourent l'église, gardera sa physionomie de bourgade bretonne battue par la vague; poétique ressemblance que le style du monument contribue à rappeler. Cette collégiale dont il faut bien dire un mot, appuyée à une tour qu'un clocher couronne, remonte, dit-on, à la fin du quatorzième siècle ou aux premières années du quinzième. Les voûtes ogivales sont larges; leurs nervures, les croisillons des fenêtres, les entablements des colonnes sont d'un travail curieux. Ce temple est orné d'une chaire à petits pilastres, adossée en forme de bénitier à un pilier que contourne un escalier de pierre : cet appareil original porte le millésime de 1600.
Bien qu'Évian ait été horriblement saccagé par les troupes des sieurs de Guitry et de Sancy qui s'en emparèrent en 1589, ce ne sont pas elles qui ont abattu l'ancienne flèche, ni celle des cordeliers, préservées jusqu'à la Révolution française. En dépit de ces mutilations, Évian, grâce à ses tours et à ses trois châtellenies, forme un contraste saisissant avec l'azur de son lac, la jeunesse de ses campagnes et la beauté renommée des jeunes filles, que l'on voit circuler lestes et souriantes sous leurs petits bonnets ronds. Le sang est généreux au pays de Gavot, comme partout où se trouvent réunies ces cinq conditions: un air très-vif, un climat doux, des eaux pures, un horizon spacieux et un sol richement boisé.