2.15.2008

232. Alphonse Guillot : "D'Evian à Saint-Gingolph".

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La côte suisse s'est voilée de grisaille, on n'aperçoit plus que la rive du lac, on se croirait au bord de la mer, le bruit des vagues qui parvient jusqu'ici complète l'illusion. L'avenue d'Abondance bordée de platanes, de jolies villas très modernes, conduit en quelques minutes au centre de la ville, mais, comme des écoliers, nous rentrerons par Petite-Rive, et Grande-Rive, et prolongerons jusqu'à l'heure où les lumières commenceront à paraître. [...]
Sur cette route dite du Simplon qui longe le lac et conduit à Meillerie, où Napoléon Ier fit sauter des rochers pour rendre la côte abordable, vingt siècles auparavant, en 218 avant Jésus-Christ, Annibal serait passé avec son armée, ses aigles, ses enseignes, et ses éléphants après avoir combattu contre les Allobroges et les Arvernes, dans les défilés de la haute Durance. Sur ce tracé Rome aurait fait construire, aux premiers siècles de l'ère chrétienne, une grande artère internationale, large de douze mètres, dont on a découvert des vestiges dans les carrières de Meillerie. Ce village fut le séjour de Jean Jacques Rousseau, d'où il se plaisait à regarder avec un télescope la maison de Clarens où habitait son amante Julie, héroïne de son ouvrage. La Belle Héloïse. [...]
Plus loin, le village le Locuum aurait été construit sur l'emplacement d'un autre appelé Tauredunum détruit en l'an 563. "Après soixante jours de grondements sourds, la montagne sur laquelle Tauredunum avait été construit se détacha et se sépara d'un autre mont contigu, engloutissant maisons, église, hommes et terres dans les eaux. Mille ans après, le 4 mars 1564, un nouvel éboulement moins considérable eut encore lieu.[...]
Plus près de nous : "A Maxilly-Lugrin, le château de Tourronde appartint longtemps à la famille de Blonay qui jouit encore dans la contrée d'une renommée chevaleresque antique, à laquelle on peut joindre celle de l'honneur, du courage et de la fidélité. On raconte que lors d'un incendie du château, au XVème siècle, un comte de Blonay qui habitait le château de Vevey, encore occupé par ses descendants, aurait traversé le lac à la nage sur un cheval et que, suivant le voeu fait au départ, il fut élevé une chapelle sur l'emplacement où le cheval atterrit. On dit également que le lendemain on vit sourdre à l'endroit où le cheval avait frappé le soi de son pied, une source d'eau ferrugineuse".
Alphonse Guillot, opus cité page 52.