2.15.2008

223. Alphonse Guillot : "Arrivée en Chablais".

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Après un arrêt de quelques minutes le train avance dans les rayons de soleil faisant fuir les papillons jaunes, bleus, posés sur les fleurs des talus, la vue s'élargit, le lac prend plus d'ampleur, un léger brouillard en estompe encore la surface ; on a une impression analogue à celle éprouvée sur la côte normande, près de Dives-Cabourg.
Dans la plaine, le delta de la Dranse s'étend sur plusieurs kilomètres de largeur et de profondeur. C'est un immense dépôt d'alluvions, de sable et de galets apportés des montagnes, roulés depuis des milliers et des milliers d'années par les torrents aux eaux fougueuses dans les hauteurs, et qui maintenant, assagies, calmes, s'écoulent en plusieurs petites branches sous les ruines d'un pont datant de l'occupation romaine et, contraste bien moderne, alimentent une manufacture de papier à cigarettes.
On prend de plus en plus contact avec le panorama qui attire, émerveille, captive, et exerce son influence sur tous les voyageurs, même sur ceux qui le connaissent ; nul n'y reste indifférent. De l'ensemble, se dégage une impression toute particulière faite de douce langueur du voyage, des sites traversés, des groupes de touristes aperçus dans les gares, et sur les routes, de l'apothéose offerte aux regards par la nature, qui, du chaos des montagnes, des dentelures de la Dent d'Oche, descend jusqu'aux molles ondulations de la terre et à la surface unie du lac. (Alphonse Guillot, opus cité, page 15 et 16)
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Le viaduc ferroviaire de Longeray au défilé de Fort l'Ecluse.