2.15.2008

228. Alphonse Guillot : "Vers Neuvecelle".

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On y entend le bruit d'orages lointains dont les échos viennent mourir sur le rivage. Nous irons donc à Neuvecelle, et si un orage vient à nous surprendre, il sera facile de trouver des abris qui permettront de laisser passer le grain et d'attendre l'embellie. Peut-être assisterons-nous au spectacle d'un arc-en-ciel, phénomène très fréquent dans cette région et se présentant presque toujours double, comme un pont gigantesque jeté sur les montagnes d'une rive à l'autre. On peut se rendre à Neuvecelle, en suivant le jardin Anglais, le quai de Grande-Rive, bordé de luxueuses villas, le paisible quartier de la Source des Crottes, oasis de verdure, tout rempli de chants d'oiseaux, mais, en ayant recours au funiculaire, notre promenade ne sera plus qu'une longue descente. Au sortir de la station des Mateirons, on traverse le parc du Royal Hôtel et de l'Ermitage, et on atteint l'avenue de Neuvecelle prolongée. D'un côté, c'est le parc avec toutes ses séductions, de l'autre, la campagne agreste des vergers et des châtaigneraies; on longe le mur du château de Neuvecelle restauré, où de Montalembert et Louis Veuillot firent des séjours vers 1863. Dans le parc, l'établissement thermal a créé un stade de culture physique. La petite église de Neuvecelle retient l'attention quelques instants. Du boulevard qui conduit lentement et par un long détour à Evian, le lac, les montagnes continuellement en vue apparaissent sous des aspects divers dûs aux premiers plans qui varient de forme, les encadrent, et les mettent en valeur, comme vos toilettes en vous parant différemment ne contribuent qu'à vous rendre plus séduisante, même quand un peu de mélancolie assombrit votre visage. (Alphonse Guillot, opus cité, page 50)