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7. A sa mèreSplendide Hôtel Evian-les-Bains, le 28 ou 29 septembre 1899.Ma chère petite Maman,
[…] Pour ne pas perdre notre temps en choses inutiles, ne me dis pas, tâche de voir si l'on pourrait te garder, même sans prendre tes repas etc. Car c'est pour des raisons dont l'une m'est assez précieuse, mon désir et si j'avais voulu comprendre leur désir, je partirais dimanche ou lundi. Il se peut que de toute façon je sois obligé de déguerpir mardi. Ils y mettent la plus extrême complaisance. Tu aurais donc tort de leur écrire pour qu'ils tâchent de me garder. Tu sais que je n'aime pas les départs et que je mettrai toute l'ingéniosité du monde à garder mon lit le plus tard que je pourrai […]. Mille tendres baisers.
8. A sa mèreSplendide Hôtel, Evian, 2 octobre 1899.Ma chère petite Maman,
Cottet est venu dîner hier avec moi et est resté jusqu'à minuit. En le quittant je me déshabillais à toute vitesse quand je me suis aperçu que je n'avais plus d'allumettes que les soufrées de l'h6tel dont je ne me sers jamais. Premier malheur qui me forçait à aller allumer au loin un papier pour allumer chaque chose : poudre, cigarette, eau pour boule etc.
20 mon valet de chambre avait oublié de fermer les portes de la remise et le loquet était tiré je ne pouvais même pas les mettre contre et étais dans un immense courant d'air. Enfin de deux à trois des domestiques de l'hôtel rentrant de congé (mais j'ai bien rendormi) ont passé par ma remise les portes étant ouvertes, croyaient les chambres vides et j'ai dû deux fois aller les effrayant de mon apparition. […]. Hier je n'ai dépensé que ce tour du lac qui m'a coûté six francs vingt. Mais le départ du garçon qui me servait et de l'homme de l'omnibus - celui que tu trouvais bien - et qui depuis ton départ est concierge, le concierge étant parti presque en même temps que toi et me porte le courrier le matin etc. m'ont obligé à dix à l'un et dix à l'autre. Si je reviens l'année prochaine je donnerai une somme de tant pour les pourboires de façon à ne pas avoir à renouveler pour les départs. […] Mille tendres baisers.