10.30.2008

282. Guy de Pourtalès. 3.


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Le globe rouge de la lune s'élevait lentement sur l'antique paysage de La Pêche miraculeuse: le lac, le Môle pointu, la ville lointaine, la barque d'un pêcheur qui va noyer ses nasses. Existe-t-il toujours ce Christ qui marchait sur les eaux en tendant la main vers celui qui déjà s'enfonce vers l'abîme? Non, le temps des miracles est passé. C'est sur la terre que marche l'homme d'aujourd'hui, sur cette terre mêlée à un ciel de moins en moins mystérieux et qui est pourtant le ciel pour d'autres terres […]. Un grand calme emplissait Paul de se sentir si infiniment petit, de n'être qu'un atome confondu à l'espace. Il l'avait pressenti plusieurs fois déjà, cet apaisement, ce rattachement à l'ensemble dès choses. Voici les joncs, la grève, le bois de pin. ce minuscule pays peuplé de disparus. Quelque chose vit et palpite dans cet univers loyal et ordonné. Mon vrai moi, c'est le monde; mon vrai moi est dans cet arbre, dans ce lac, dans chacune de mes actes, dans chacune de mes pensées. Il n'existe rien où je ne sois pas ! ("Marins d'eau douce" p. 417.)