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« Etranger qui viendra lorsque je serai morte
Contempler mon lac genevois
Laisse que ma ferveur, dès à présent t'exhorte,
A bien aimer ce que je vois »Entre Amphion et Evian, le lac et la route nationale du Simplon (RN5), les amis d'Anna de Noailles ont fait élever, en 1938, un temple votif dans le jardin d'Amphion, celui de la villa Bassaraba, là où la poétesse vint pour la dernière fois en septembre 1916.
« Le lac Léman m'apportait tout, depuis ce nom d'Amphion donné par un lointain hasard de terroir à notre rive et à notre demeure. Mon père, au moment de son mariage, avait acquis le chalet élégant, entouré d'orangers en caisse au parfum ineffable, et le jardin bien dessiné, empiétant sur le lac, que possédait le comte Walewski. Trésor négligeable de l'histoire, le comte Walewski était le fils des amours de Napoléon avec la polonaise élégiaque et fidèle qui ne craignit pas de venir s'abattre dans l'île d'Elbe, portée par un voilier périlleux, afin de tendre au captif le front obscurément insigne de l'enfant qu'elle avait eu de lui ».Le père d'Anna, Grégoire Bassaraba de Brancovan d'origine roumaine, achète en 1870 le chalet Irène, fonde en 1884 la Société Nautique d'Evian et fait construire à quelques pas de l'élégant chalet « un château romano-byzantin dessiné par Viollet-le-Duc.
« Ce plaisant bâtiment de couleur blanche et rose était envahi à sa base par les viornes et les troènes, arbustes ténébreux aux floraisons lactées, et sur le treillage des murs s'élançaient jusqu'aux balcons des capucines, fleurs volantes posées sur la plate soucoupe de leur gai feuillage, gosiers dorés que l'heure de midi gorgeait de fraternelle lumière. Le château devait sa dénomination prétentieuse à une tourelle modeste, mais crénelée, qui touchait mon imagination ainsi qu'une romanesque fanfare»