10.28.2008

271. Robert de Traz.

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Le train se hâtait dans sa longue glissade jusqu'à Lausanne où la splendeur immobile du lac nous arrachait des cris de .joie. Mais pour nous, après les plaisirs de la montagne, le meilleur des vacances était encore à vivre. Ces derniers jours de vacances se passaient à La Côte. Nous y arrivions en bateau - le Bonivard ou l'Helvétie - et c'était un amusement supplémentaire que cette lente traversée sur un lac peuplé de voiles latines, jusqu'à Rolle où, sous les platanes du quai, nous attendait le break de famille. La Côte de mon enfance, aux journées dorées, j'en rapportais ensuite à Paris une inguérissable nostalgie. Ah ! Ces fins d'été aux journées qui n'en finissaient pas, brûlants à midi, dans les vignes, et qui s'achevaient au crépuscule! Contrée d'aimable bonhomie, de placidité narquoise où chacun jouissant de la vie avec une nonchalance heureuse, la goûtant jour après jour comme une grappe lumineuse, grain à grain savourée, aujourd'hui me promenant entre Nyon et Aubonne, ou bien arrêté sur une haute terrasse, devant l'immense paysage qui oppose son éternité majestueuse et sereine aux tragédies humaines que nous avons vécues. Il m'arrive d'évoquer des fantômes. ("Vacances heureuses ". La Gazette de Lausanne, le 30 octobre 1948)
------------------A propos de Robert de Traz : http://www.memo.fr/article.asp?ID=PER_CON_148