10.26.2008

266. Francis Wey.


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Le lac est un grand attrait; ici nous sommes d'accord. Mais faut-il le traverser et camper au pays vaudois d'où l'on a le spectacle des Alpes et du Mont-Blanc, ou bien rester en Savoie, sur la terre française ? […] Sur le versant vaudois, le sol est maigre et pierreux la pelouse est brûlée, les arbres sont chétifs. Des vignes plates et basses absorbent de longs espaces peu récréatifs pour la vue. […] Si l'on aspire à des promenades lointaines, on n'a derrière soi que des ondulations aboutissant aux revers du Jura, peu réjouissants de ce côté.
Sur la rive Chablaisienne, quelle différence ! La terre substantielle, profonde, la meilleure de tout le périmètre du Léman, abritée par les contreforts alpestres du vent glacé des neiges qui va s'abattre sur l'autre bord, produit les meilleurs fruits, la plus riche végétation, les plus beaux arbres de la contrée. De ces campagnes fertiles, où l'on est mêlé, sans quitter la France, à un peuple doux, on touche aux Alpes, sans les contempler à distance […]. Ne vaut-il pas mieux habiter ce paradis terrestre que de l'apercevoir de loin ? Faut-il, sacrifiant tant d'avantages au spectacle permanent d'un point de vue, s'exiler dans cette populeuse banlieue vaudoise où, si bien qu'on puisse être accueilli, on est sur un sol étranger ?
(La Haute-Savoie, pp. 421-422.)