11.01.2008

296. Le Léman, un sublime ressassement.

-----------------------------
1. Carrefour de traces invisibles, d'échos que nulle science ne saurait définir, de contradictions et d'antagonismes qui se dissolvent dans l'imprévisible balancement de l'onde: ainsi apparaîtrait le Léman, ample hésitation ou faille véritable, entre les petits bistrots discrets d'un Chablais qui s'efface et les palaces de la Riviera, les vignes de Lavaux et les vastes domaines du «petit lac», les roselières «du bout du lac» et les nobles capitales de Vaud ou de Genève, entre le murmure et l'éclat, entre la discrétion, voire la méditation, et la voracité. Car c'est bien l'ambiguïté qui caractérise cette masse liquide, à la fois glace et sable, image de l'illusion, miroir obscurci dans le tremblotement des jours. Est-il vraiment le même, soumis à la fantaisie des vents venus de tous côtés, des vents de toutes les couleurs, vent blanc qui fait mûrir les moissons, bise noire aux cruelles morsures, vents des grandes lames et des vastes moutonnements, vents des jours flagellés de pluie, joran qui alarme les barques et fait clignoter les grèves, et toutes les brises aux noms chantants de comptines d'antan, morget ou morgeasson, rebat, fraidieu, marinée ou encore molindre, chamoisine, moulanne, qui disent l'heure tout au long des jours et tout au long des nuits ?