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L'année suivante, elle a permis que je l'accompagne à Lausanne. C'était alors la mode d'y faire je ne sais quelle cure. [...] L'après-midi, elle m'emmenait en promenade sur les collines, dans les bois qui surplombent Lausanne et prodiguent tant de points de vue sur le Léman. Quand je me rappelle ces randonnées, j'ai quelque peine a comprendre que je n'aie pas été amoureux d'elle. Tout y invitait, depuis ses boucles noires jusqu'aux paysages de Vevey sur lesquels flottait toujours l'ombre de Jean-Jacques Rousseau. Je poussais la sottise jusqu'à lui parler des jeunes filles entre lesquelles mon cœur avait balancé. Elle me dit : « Comment pouvez-vous être amoureux de ces petits monstres gros de tout le mal qu’elles feront pendant cinquante ans ! » Elle avait trop raison. En quête d'une mère, j'aurais mieux fait de me tourner vers elle, quoiqu'elle n'eût pas passé trente-cinq ans, que vers des gamines. (Cimetière)
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Le bureau d'Anna de Noailles, présenté à Evian, lors d'une exposition.