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Nous autres, nous avons le lac. Il est vaste, il a l’air d’une perle au fond de sa coquille. Les montagnes et les collines qui le bordent s’élèvent de toute part, avec fougue ou avec mollesse et, sans jamais l’enserrer étroitement, le retiennent néanmoins prisonnier. Mais sa captivité est trop ancienne pour qu’il se souvienne encore du temps où il errait sous la figure du glacier ; maintenant, il ne conçoit rien d’autre que son immobilité, il joue entre ses rives définitives ; il est heureux dans son cachot. La troupe de ses vagues lui donne l’illusion du changement ; il modèle à son image les vagues qui se penchent sur lui ; il se sent si bien de vivre que sa vie débordante se mêle autour de lui à la vie des hommes. Nous qui habitons sur les rives du lac, nous savons qu’il est cause de beaucoup de nos joies. (Journal, mars 1902)
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Voir aussi messages 34, 35, 36, 37
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