4.02.2007

98. François Broche : "Anna de Noailles".

------------------------------
"D'un seul soupir d'amour vit et meurt la fusée ... " Cocteau écrivant ce vers pensait peut-être à Anna de Noailles : fusée, feu d'artifice, comète, elle a étincelé, illuminé, ébloui le temps qu'elle a traversé. Morte à cinquante-sept ans, en 1933, elle est entrée d'un coup dans une nuit d'oubli aussi noire qu'injuste.
Petite fille riche, heureuse, surdouée, jeune femme com­blée, elle faisait crier au génie, ses mots d'esprit couraient Paris, les éditeurs s'arrachaient ses poèmes et ses romans, les salons se disputaient sa présence.
Loti et Mauriac, Briand et Clemenceau, Proust et Mangin, Cocteau, Jean Rostand ... Maurice Chevalier même, elle les a tous fascinés. Et Maurice Barrès avant tous: mystérieuse ren­contre de deux destins qui s'attirent et qu'une tragédie éloi­gnera.
C'est qu'Anna de Noailles était elle-même "un mystère en pleine lumière". Aristocrate et dreyfusarde, humble et impé­rieuse, bavarde intarissable et secrète, vulnérable et cruelle, dévorée par le goût de vivre et hantée par la mort.
On l'a encensée. On l'a déchirée. François Broche approche tous ces mystères à pas de velours. Il sait tout, mais sa biographie est plus qu'une biographie: comme la musique de Mozart, comme la poésie d'Anna de Noailles, le silence qui suit, c'est encore de la musique, encore de la poésie.