3.25.2007

90. Anna de Noailles : " J'ai vu ta confuse . . ."

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J'ai vu à ta confuse et lente rêverie,
A ton front détourné, douloureux et prudent,
Que ton visage en pleurs, qui s'irrite et qui prie,
Te semble un masque ardent.

En vain ta voix m'enchante et ton regard m'abreuve,
Et mon cœur éclatant se brise dans ta main ;
Tu cherches vers le ciel quelque invisible preuve
De mon désir humain.

Tu cherches quel étroit, quel oppressant symbole,
Mêlé de calme espoir, de silence et de Dieu,
Joindrait, mieux que ne font les pleurs ou la parole,
Ton esprit et mes yeux.

Et tandis que ton cœur, craintif et solitaire,
A mon immense amour n'est pas habitué,
Moi je suis devant toi comme du sang par terre
Quand un homme est tué...